Journée internationale des droits des femmes : Priscillia Mutatayi, une jeune engagée pour faire bouger la société

Lycéenne à Marc Bloch, Priscillia Mutatayi veut prendre part aux grandes décisions. Bientôt, elle passera le concours de Sciences Politiques. Portrait d’une jeune aux ambitions affirmées. 

“Je n’arrive pas à rester impassible à ce que j’entends”, s’exclame Priscillia, une Rolivaloise de 17 ans derrière ses piles de livres. Du haut de son jeune âge, elle est engagée depuis longtemps dans les phénomènes sociétaux mondiaux. De l’UNICEF au conseil d’administration en passant par la vie de son établissement, elle prend part aux décisions les plus importantes pour permettre à tous de vivre ensemble. 

Les livres, une source d’inspiration 

Priscillia ne le cache pas, elle ambitionne de devenir une femme de pouvoir. Haut-fonctionnaire ; dans les organisations internationales, deux secteurs qui la font vibrer. Car aider les gens, comprendre leurs problèmes et trouver des solutions tout en prenant des décisions fait déjà partie de ses missions. Sa vie s’est construite ici, à Val-de-Reuil. Aînée de la famille, ses parents sont originaires du Congo. “Je suis allée à l’école des Cerfs-Volants, je me souviens, quand j’étais en CM1, je suis partie au Gabon avec mes parents pour Noël. Ma tante tient un orphelinat là-bas. Quand j’ai dit aux enfants que j’étais Française, j’ai tout de suite été mal vue. Ils m’attribuaient la faute de leur abandon” , se souvient la jeune femme qui à 9 ans, ne comprenait pas ces réactions. Alors elle a eu un déclic : “Je voulais comprendre de quoi j’étais accusée, je désirais les aider.” 

Très proches des femmes de sa famille, elle découvre la lecture cette même année, alors qu’un de ses instituteurs lui avait glissé une liste à lire dans son cartable. “Je n’ai jamais arrêté, je passais mon temps à dévorer les livres, pendant des exercices, à la pause… Puis par hasard, j’ai découvert les biographies quand je suis arrivée au collège à Louviers”, explique-t-elle en montrant quelques ouvrages qui lui tiennent à cœur  : “J’aime principalement ceux qui racontent l’histoire de femmes qui ont vécu des choses épouvantables comme mon icône Souad qui a rédigé un livre appelé “Brulée vive”, je l’admire, car après tout ce qu’elle a vécu elle n’a pas abandonné l’amour, elle ne hait pas les hommes.”

Passionnée de piano, Priscillia ne tombe pas tout de suite dans l’adoration de son domaine de prédilection : la géopolitique : “Au début,je voulais devenir expert-comptable, mais en regardant des documentaires et des reportages, j’ai pris un autre tournant.” En début d’année de terminale générale, elle décide de participer aux ateliers Sciences Po proposés par le Lycée Marc Bloch qui va la préparer au fameux concours de l’école Parisienne. 

“Les réseaux sociaux ont libéré la parole des femmes” 

Lors des ateliers, elle participe à des débats autour de sujets sociétaux dont le féministe, des rencontres avec des journalistes ou encore des visites dont une qui lui restera marquée à vie : le mémorial de la Shoa à Auschwitz Birkenau. Jeune ambassadeur de l’UNICEF, déléguée du conseil d’administration du lycée, membre du CVL (Conseil de la vie lycéenne), déléguée de classe, Priscillia prend la parole face à ses camarades hommes. “J’ai beaucoup de fierté d’être une femme en 2022, on peut être qui on veut, oser, rêver, sans se limiter. Je pense que les réseaux sociaux ont joué un rôle primordial dans la libération de la parole”, soutient-elle en faisant référence aux mouvements #metoo et #balancetonporc lancés sur les réseaux sociaux en 2017 pour encourager les femmes à libérer leur voix au sujet des viols et agressions sexuelles. Une information plus rapide, simple, qui selon elle, offrirait l’espoir de ne plus s’enfermer dans le silence. Mais Priscillia a conscience que tout n’est pas acquis, que le chemin est encore long : “Il reste encore beaucoup de choses à faire, quand je vois que la justice ne prend par encore au sérieux certaines plaintes de viol pour manque de preuves ou encore que le nombre de féminicides a augmenté pendant la crise sanitaire…Des fois, j’ai l’impression de voir que l’on recule, mais comme dans tout, on ne peut pas avancer continuellement.” 

Un pas en avant, un pas en arrière, l’essentiel pour cette jeune femme ne réside pas dans la rapidité. Pour elle, le féminisme est une recherche d’une société dans laquelle tout le monde bénéficierait des mêmes droits, devoirs et traitements entre individus face à toutes les instances. Dans 10 ans, elle aimerait que la rue ne soit plus un danger, que les pratiques qui violent l’intimité des femmes soient abolies et que de réelles mesures soit prises pour aboutir à ce monde qu’elle idéalise.

 

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