Les écoles rolivaloises ont rendu hommage à Samuel Paty chacune à leur manière

Ce lundi 2 novembre, les sept écoles de Val-de-Reuil ont rendu hommage à Samuel Paty. À 11h, une minute de silence a été respectée dans chaque classe. Certains établissements ont fait le choix de personnaliser cet hommage à leur manière… Reportage aux Dominos et au Pivollet où l’heure était à la discussion.

Le 16 octobre dernier, Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie et d’éducation civique est décédé pour avoir fait son métier. Ce lundi, à 11h, l’ensemble du corps enseignant de Val-de-Reuil a rendu hommage à leur confrère. Dans chaque classe, une minute de silence a été respectée. Au Pivollet, les élémentaires ont assisté à la lecture de la lettre de Jean-Jaurès ; quant aux Dominos, pas de lettre, mais 30 minutes de discussion autour de la liberté d’expression. Deux interventions qui ont fait réfléchir les jeunes écoliers, posant des questions tout au long de la matinée.

La lettre de Jaurès en vidéo pour les élémentaires du Pivollet

Au sein de l’école du Pivollet, dans la classe de CM1-CM2 , les enfants se tiennent debout silencieux, l’air grave et compatissant face à ce tragique incident. En présence de Christian Avollé, adjoint en charge du cadre vie de Val-de-Reuil, ils ont effectué une minute de silence avant de visionner, ensemble, la lettre de Jean-Jaurès adressée aux instituteurs dans laquelle il rappelle aux enseignants l’importance de leur rôle dans l’accompagnement des élèves mais aussi la noblesse de leur métier. Un instant solennel à l’issue duquel l’élu de la Ville s’est adressé aux élèves pour leur rappeler les droits dont bénéficie chacun en matière de liberté et d’égalité des chances et de la bienveillance qu’exercent leurs instituteurs au quotidien.

Liberté d’expression, république et religion aux Dominos

« On fait ça pour rendre hommage au professeur » s’est exclamée Elise en réponse à son maître d’école, Laurent Avenel, qui voulait voir si les jeunes écoliers savaient pourquoi ils devaient ne plus faire de bruit pendant une minute. 11h, l’horloge sonne. Les 17 élèves de CM1 se lèvent tous en même temps et arrêtent de dessiner. Le directeur de l’école des Dominos, Gilles Fleury, a décidé de ne pas lire la lettre de Jean Jaurès aux enfants : « Elle est trop compliquée, mais on va discuter sur le sujet » 

Une fois tous rassis dans le respect des gestes barrières, les multiplications et la dictée attendront un peu. « Notre responsabilité à nous c’est que vous deveniez responsables et soyez respectés » signale l’enseignant à ses élèves. « C’est quoi un deuil national ? » lance Gilles Fleury en inscrivant le terme sur le tableau blanc. Les enfants hochent la tête de gauche à droite timidement avant que leur instituteur leur explique la définition : « c’est un événement grave qui suit la perte de quelqu’un à l’échelle nationale. Mais pourquoi on en parle ? »

Quelques doigts se lèvent pour évoquer la mort de Samuel Paty et sa matière, l’histoire géographie. « Mais il n’enseignait pas que ça » poursuit le directeur en expliquant aux jeunes gens que Samuel Paty instruisait aux collégiens la citoyenneté. Un doigt se lève. Pour Stan, être citoyen, c’est « respecter la loi. » À sa droite, une de ses camarade précise : « C’est apprendre à être respectueux et vivre en harmonie. »  Une réponse qui fait sourire Gilles sous son masque : « C’est ça, et ce prof enseignait ce que c’était la loi, le vivre ensemble. »

« Il y a des gens qui voudraient qu’on soit en colère les uns contre les autres. Et bien, cette journée est spéciale car elle empêche de leur faire croire qu’on l’est. » 

Toujours dans le calme, l’échange continue vers un sujet plus précis, la religion. Laurent Avenel prend alors la main : « Quand on fait de l’histoire, on est obligé de parler de comment fonctionnent les religions. » Pour illustrer ses propos, le professeur s’avance en direction d’une frise chronologique qui longe les murs de la classe. « Vous voyez, chacun peut croire à ce qu’il veut de façon personnelle. Je vous ai déjà parlé du prophète et de l’église, ça fait partie des programmes. » explique-t-il en pointant désormais la déclaration des droits de l’homme et du citoyen accrochée sur la porte d’entrée. « Vous voyez, en France la République nous protège. La liberté d’expression permet à tous de dire ce que l’on aime ou non. Et si on n’est pas d’accord, on n’a pas à se battre pour ça » déclare le directeur de l’établissement en insistant sur les valeurs de la constitution. Les deux professionnels de l’éducation ont voulu conclure leur intervention en faisant un lien en douceur avec le terrorisme : « Il y a des gens qui voudraient qu’on soit en colère les uns contre les autres. Et bien cette journée est spéciale car elle empêche de leur faire croire qu’on l’est. » 

Deux scènes qui se sont répétées tout au long de la matinée, partageant ainsi les valeurs Républicaines à tous les petits rolivalois qui repartiront chez eux le cœur et la tête pleine de savoirs que leurs maîtres et maîtresses leur ont inculqués au fil de la journée.

 

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